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pères ont accumulé de gloires et de souvenirs dans notre histoire, celui de Canadien évoque dans leur cœur l’image de la vieille France leur mère, condense toute leur histoire, et demeure la seule dénomination nationale sous laquelle ils veulent être désignés.

S’ils sont Canadiens et non plus Français, qu’importe, dira-t-on, à la France moderne la formation de cette nationalité nouvelle ?

D’avantages politiques nous n’avons pas à en attendre en effet. Mais n’est-ce rien que l’existence en Amérique d’une nation de langue française conservant avec opiniâtreté d’inébranlables sympathies pour son ancienne patrie ? n’est-ce pas là un contrepoids désirable à la suprématie par trop grande des peuples de langue anglaise dans le nouveau monde ? Il y a trop peu, de par le monde, de terres où vive notre sang et où résonne notre langue ; n’est-il pas consolant de trouver, au delà de l’Océan, un peuple qui se prépare à les propager et qui contribue à donner à la race française la place qu’elle doit occuper dans l’Univers ?

Les liens qui résultent de la communauté du sang et de la communauté de la langue sont plus forts que ceux des frontières politiques ; les uns