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CORINNE OU L’ITALIE.

et dit qu’il se nommait M. Dickson. Corinne reconnut ce nom qu’elle avait souvent entendu prononcer à lord Nelvil. Elle dirigea l’entretien de manière à faire parler ce bon vieillard sur le seul objet qui l’intéressait dans la vie. M. Dickson était l’homme du monde qui causait le plus volontiers, et ne se doutant pas que Corinne, dont il ignorait le nom, et qu’il prenait pour une Anglaise, eût aucun intérêt particulier dans les questions qu’elle lui faisait, il se mit à dire tout ce qu’il savait avec le plus grand détail ; et comme il désirait de plaire à Corinne, dont les soins l’avaient touché, il fut indiscret pour l’amuser.

Il raconta comment il avait appris lui-même à lord Nelvil que son père s’était opposé d’avance au mariage qu’il voulait contracter maintenant, et fit l’extrait de la lettre qu’il lui avait remise, en répétant plusieurs fois ces mots qui perçaient le cœur de Corinne : Son père lui a défendu d’épouser cette Italienne ; ce serait outrager sa mémoire que de braver sa volonté.

M. Dickson ne se borna point encore à ces cruelles paroles ; il affirma de plus qu’Oswald aimait Lucile, que Lucile l’aimait ; que lady Edgermond souhaitait vivement ce mariage, mais qu’un engagement pris en Italie empêchait lord