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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE II


ILS arrivèrent à Naples, de jour, au milieu de cette immense population qui est si animée et si oisive tout à la fois. Ils traversèrent d’abord la rue de Tolède, et virent les Lazzaroni couchés sur les pavés, ou retirés dans un panier d’osier, qui leur sert d’habitation jour et nuit. Cet état sauvage qui se voit là, mêlé avec la civilisation, a quelque chose de très-original. Il en est parmi ces hommes qui ne savent pas même leur propre nom, et vont à confesse avouer des péchés anonymes, ne pouvant dire comment s’appelle celui qui les a commis. Il existe à Naples une grotte sous terre, où des milliers de Lazzaroni passent leur vie, en sortant seulement à midi pour voir le soleil, et dormant le reste du jour, pendant que leurs femmes filent. Dans les climats où le vêtement et la nourriture sont si faciles, il faudrait un gouvernement très-indépendant et très-actif, pour donner à la nation une émulation suffi-