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CORINNE OU L’ITALIE

bord immobile à sa place, et, se sentant trouble, il s’appuya sur un des lions de basalte qui sont au pied de l’escalier du Capitole. Corinne le considéra de nouveau, vivement frappée de son émotion ; mais on l’entraîna vers son char, et toute la foule disparut long-temps avant qu’Oswald eût retrouvé sa force et sa présence d’esprit.

Corinne jusqu’alors l’avait enchanté comme la plus charmante des étrangères, comme l’une des merveilles du pays qu’il voulait parcourir ; mais cet accent anglais lui rappelait tous les souvenirs de sa patrie, cet accent naturalisait pour lui tous les charmes de Corinne. Était-elle Anglaise ? avait-elle passé plusieurs années de sa vie en Angleterre ? Il ne pouvait le deviner ; mais il était impossible que l’étude seule apprît à parler ainsi, il fallait que Corinne et lord Nelvil eussent vécu dans le même pays. Qui sait si leurs familles n’étaient pas en relation ensemble ? Peut-être même l’avait-il vue dans son enfance ! On a souvent dans le cœur je ne sais quelle image innée de ce qu’on aime, qui pourrait persuader qu’on reconnaît l’objet que l’on voit pour la première fois.

Oswald avait beaucoup de préventions contre les Italiennes ; il les croyait passionnées, mais