Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE IV


LE sénateur prit la couronne de myrte et de laurier qu’il devait placer sur la tête de Corinne. Elle détacha le schall qui entourait son front, et tous ses cheveux, d’un noir d’ébène, tombèrent en boucles sur ses épaules. Elle s’avança la tête nue, le regard animé par un sentiment de plaisir et de reconnaissance qu’elle ne cherchait point à dissimuler. Elle se remit une seconde fois à genoux pour recevoir la couronne, mais elle paraissait moins troublée et moins tremblante que la première fois ; elle venait de parler, elle venait de remplir son ame des plus nobles pensées, l’enthousiasme l’emportait sur la timidité. Ce n’était plus une femme craintive, mais une prêtresse inspirée qui se consacrait avec joie au culte du génie.

Quand la couronne fut placée sur la tête de Corinne, tous les instrumens se firent entendre, et jouèrent ces airs triomphans qui exaltent l’ame d’une manière si puissante et si sublime. Le