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CORINNE OU L’ITALIE

veilles qui du fond de l’Égypte et de la Grèce, de l’extrémité des siècles, depuis Romulus jusqu’à Léon X, se sont réunies ici, comme si la grandeur attirait la grandeur, et qu’un même lieu dût renfermer tout ce que l’homme a pu mettre à l’abri du temps, toutes ces merveilles sont consacrées aux monumens funèbres. Notre indolente vie est à peine aperçue, le silence des vivans est un hommage pour les morts, ils durent et nous passons.

Eux seuls sont honorés, eux seuls sont encore célèbres ; nos destinées obscures relèvent l’éclat de nos ancêtres, notre existence actuelle ne laisse debout que le passé, il ne se fait aucun bruit autour des souvenirs ! Tous nos chefs-d’œuvres sont l’ouvrage de ceux qui ne sont plus, et le génie lui-même est compté parmi les illustres morts.

Peut-être un des charmes secrets de Rome est-il de réconcilier l’imagination avec le long sommeil. On s’y résigne pour soi, l’on en souffre moins pour ce qu’on aime. Les peuples du midi se représentent la fin de la vie sous des couleurs moins sombres que les habitans du nord. Le soleil comme la gloire réchauffe même la tombe.

Le froid et l’isolement du sépulcre sous ce