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CORINNE OU L’ITALIE

fin de son discours un blâme indirect de l’état actuel des Italiens, tous les grands de l’état l’approuvèrent : tant il est vrai qu’on trouve en Italie cette sorte de libéralité qui ne porte pas à changer les institutions, mais fait pardonner, dans les esprits supérieurs, une opposition tranquille aux préjugés existans.

La réputation du prince Castel-Forte était très-grande à Rome. Il parlait avec une sagacité rare ; et c’était un don remarquable dans un pays où l’on met encore plus d’esprit dans sa conduite que dans ses discours. Il n’avait pas dans les affaires l’habileté qui distingue souvent les Italiens ; mais il se plaisait à penser, et ne craignait pas la fatigue de la méditation. Les heureux habitans du midi se refusent quelquefois à cette fatigue, et se flattent de tout deviner par l’imagination, comme leur féconde terre donne des fruits sans culture, à l’aide seulement de la faveur du ciel.