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CORINNE OU L’ITALIE

un pays où la raison dominait plus encore que l’imagination, a pris un caractère d’austérité morale dont elle ne s’écartera jamais. La nôtre parle au nom de l’amour, la vôtre au nom du devoir. Vos principes sont libéraux, nos dogmes sont absolus ; et néanmoins, dans l’application, notre despotisme orthodoxe transige avec les circonstances particulières, et votre liberté religieuse fait respecter ses lois, sans aucune exception. Il est vrai que notre catholicisme impose à ceux qui sont entrés dans l’état monastique des pénitences très-dures : cet état, choisi librement, est un rapport mystérieux entre l’homme et la divinité ; mais la religion des séculiers, en Italie, est une source habituelle d’émotions touchantes. L’amour, l’espérance et la foi sont les vertus principales de cette religion ; et toutes ces vertus annoncent et donnent le bonheur. Loin donc que nos prêtres nous interdisent en aucun temps le pur sentiment de la joie, ils nous disent que ce sentiment exprime notre reconnaissance envers les dons du Créateur. Ce qu’ils exigent de nous, c’est l’observation des pratiques qui prouvent notre respect pour notre culte et notre désir de plaire à Dieu ; c’est la charité pour les malheureux et la repentance dans nos faiblesses. Mais