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CORINNE OU L’ITALIE

avec une activité et une dextérité peu imposantes. Ce vague, cet inconnu, ce mystérieux qui convient tant à la religion, est tout-à-fait dissipé par l’espèce d’attention qu’on ne peut s’empêcher de donner à la manière dont chacun s’acquitte de ses fonctions. L’avidité des uns pour les mets qui leur sont présentés, et l’indifférence des autres pour les génuflexions qu’ils multiplient ou les prières qu’ils récitent, rendent souvent la fête peu solennelle.

Les anciens costumes qui servent encore aujourd’hui d’habillement aux ecclésiastiques s’accordent mal avec la coiffure moderne ; l’évêque grec, avec sa longue barbe, est celui dont le vêtement paraît le plus respectable. Les vieux usages aussi, tel que celui de faire la révérence comme les femmes, au lieu de saluer à la manière actuelle des hommes, produisent une impression peu sérieuse. L’ensemble enfin, n’est pas en harmonie, et l’antique et le nouveau s’y mêlent sans qu’on prenne aucun soin pour frapper l’imagination, et surtout pour éviter tout ce qui peut la distraire. Un culte éclatant et majestueux dans les formes extérieures est certainement très-propre à remplir l’ame des sentimens les plus élevés ; mais il faut prendre garde que les cérémonies ne dégénèrent en un