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CORINNE OU L’ITALIE

la plus commune. Il s’assit alors pour considérer à son aise cette vivacité sans but et sans cause qui se retrouve dans la plupart des assemblées nombreuses ; et néanmoins en Italie la médiocrité est assez bonne personne : elle a peu de vanité, peu de jalousie, beaucoup de bienveillance pour les esprits supérieurs, et si elle fatigue de son poids, elle ne blesse du moins presque jamais par ses prétentions.

C’était dans ces mêmes assemblées cependant qu’Oswald avait trouvé tant d’intérêt peu de jours auparavant ; le léger obstacle qu’opposait le grand monde à son entretien avec Corinne, le soin qu’elle mettait à revenir vers lui dès qu’elle avait été suffisamment polie envers les autres, l’intelligence qui existait entre eux sur les observations que la société leur suggérait, le plaisir, qu’avait Corinne à causer devant Oswald, à lui adresser indirectement des réflexions dont lui seul comprenait le véritable sens, variait tellement la conversation, qu’à toutes les places de ce même salon Oswald se retraçait des momens doux, piquans, agréables, qui lui avaient fait croire que ces assemblées mêmes étaient amusantes. — Ah ! dit-il en s’en allant, ici comme dans tous les lieux du monde, c’est elle seule