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CORINNE OU L’ITALIE

et de sentir la religion ; néanmoins comment aurait-il pu blâmer Corinne, dans le moment même où il recevait une si touchante preuve de son amour !

Ses regards parcouraient avec émotion cette chambre où il entrait pour la première fois. Au chevet du lit de Corinne il vit le portrait d’un homme âgé, mais dont la figure n’avait point le caractère d’une physionomie italienne. Deux bracelets étaient attachés près de ce portrait, l’un fait avec des cheveux noirs et blancs, et l’autre avec des cheveux d’un blond admirable ; et ce qui parut à lord Nelvil un hasard singulier, ces cheveux étaient parfaitement semblables à ceux de Lucile Edgermond ; qu’il avait remarqués très-attentivement, il y avait trois ans, à cause de leur rare beauté. Oswald considérait ces bracelets et ne disait pas un mot, car, interroger Thérésine sur sa maîtresse était indigne de lui. Mais Thérésine croyant deviner ce qui occupait Oswald, et voulant écarter de lui tout soupçon de jalousie, se hâta de lui dire que depuis onze ans qu’elle était attachée à Corinne elle lui avait toujours vu porter ces bracelets, et qu’elle savait que c’était des cheveux de son père, de sa mère et de sa sœur. — Il y a onze ans que vous êtes avec Corinne, dit lord Nelvil, vous savez donc…