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CORINNE OU L’ITALIE

sait résonner et qu’elle avait placées dans quelques grottes du jardin, pour remplir l’atmosphère de sons aussi-bien que de parfums. Dans cette demeure délicieuse, Oswald était inspiré par le sentiment le plus pur. — Écoutez, dit-il à Corinne, jusqu’à ce jour j’éprouvais du remords, en étant heureux près de vous ; mais à présent, je me dis que c’est mon père qui vous a envoyée vers moi, pour que je ne souffre plus sur cette terre. C’est lui que j’avais offensé, et c’est lui cependant dont les prières dans le ciel ont obtenu ma grâce. Corinne ! s’écria-t-il en se jetant à ses genoux, je suis pardonné ; je le sens à ce calme innocent et doux qui règne dans mon ame. Tu peux, sans crainte, t’unir à mon sort, il n’aura plus rien de fatal. — Eh bien ! dit Corinne, jouissons encore quelque temps de cette paix du cœur qui nous est accordée. Ne touchons pas à la destinée ; elle fait si peur quand on veut s’en mêler, quand on tâche d’obtenir plus qu’elle ne donne ! Ah ! mon ami, ne changeons rien, puisque nous sommes heureux ! —

Lord Nelvil fut blessé de cette réponse de Corinne. Il pensait qu’elle devait comprendre qu’il était prêt à lui tout dire, à lui tout promettre, si, dans ce moment, elle lui confiait son histoire ; et cette manière de l’éviter encore l’of-