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CORINNE OU L’ITALIE

myre, a terminé ses jours. Elle n’a pas soutenu dans l’adversité la grandeur de sa destinée ; elle n’a su, ni, comme un homme, mourir pour la gloire, ni, comme une femme, mourir plutôt que de trahir son ami.

Enfin ils découvrirent Tivoli qui fut la demeure de tant d’hommes célèbres, de Brutus, d’Auguste, de Mécène, de Catulle, mais surtout la demeure d’Horace ; car ce sont ses vers qui ont illustré ce séjour. La maison de Corinne était bâtie au-dessus de la cascade bruyante du Téverone ; au haut de la montagne, en face de son jardin, était le temple de la Sibylle. C’est une belle idée qu’avaient les anciens de placer les temples au sommet des lieux élevés. Ils dominaient sur la campagne, comme les idées religieuses sur toute autre pensée. Ils inspiraient plus d’enthousiasme pour la nature, en annonçant la divinité dont elle émane, et l’éternelle reconnaissance des générations successives envers elle. Le paysage, de quelque point de vue qu’on le considérât, faisait tableau avec le temple qui était là comme le centre ou l’ornement de tout. Les ruines répandent un singulier charme sur la campagne d’Italie. Elles ne rappellent pas, comme les édifices modernes, le travail et la présence de l’homme, elles se confondent