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CORINNE OU L’ITALIE

« Où est mon époux ? où est mon Romeo ? » lord Nelvil répondit à ces cris par des gémissemens, et ne revint à lui que lorsqu’il fut entraîné par M. Edgermond hors de la salle.

La pièce finie, Corinne s’était trouvée mal d’émotion et de fatigue. Oswald entra le premier dans sa chambre, et la vit seule avec ses femmes, encore revêtue du costume de Juliette et comme elle presque évanouie entre leurs bras. Dans l’excès de son trouble, il ne savait pas distinguer si c’était la vérité ou la fiction, et se jetant aux pieds de Corinne, il lui dit en anglais ces paroles de Roméo :

« Oh, mes yeux, regardez-la pour la dernière fois ! oh, mes bras, serrez-la pour la dernière fois contre mon cœur »,

Eyes, look your last ! arms, take your last embrace.

Corinne, encore égarée, s’écria : — Grand Dieu ! que dites-vous ? Voudriez-vous me quitter, le voudriez-vous ? — Non, non, interrompit Oswald, non, je jure.......... — À l’instant la foule des amis et des admirateurs de Corinne força sa porte pour la voir ; elle regardait Oswald, attendant avec anxiété ce qu’il allait