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CORINNE OU L’ITALIE

qu’il se démène comme un prédicateur ; car, en effet, il y a beaucoup plus de mouvement dans la chaire que sur le théâtre, et c’est bien heureux que ces acteurs soient si paisibles dans le pathétique, car, comme il n’y a rien d’intéressant dans la pièce, ni dans la situation, plus ils feraient de bruit, plus ils seraient ridicules : encore si ce ridicule était gai, mais il n’est que monotone. Il n’y a pas plus en Italie de comédie que de tragédie ; et dans cette carrière encore c’est nous qui sommes les premiers. Le seul genre qui appartienne vraiment à l’Italie, ce sont les arlequinades ; un valet fripon, gourmand et poltron, un vieux tuteur dupe, avare ou amoureux, voilà tout le sujet de ces pièces. Vous conviendrez qu’il ne faut pas beaucoup d’efforts pour une telle invention, et que le Tartuffe et le Misanthrope supposent un peu plus de génie. —

Cette attaque du comte d’Erfeuil déplaisait assez aux Italiens qui l’écoutaient ; mais cependant ils en riaient ; et le comte d’Erfeuil en conversation aimait beaucoup mieux montrer de l’esprit que de la bonté. Sa bienveillance naturelle influait sur ses actions, mais son amour-propre sur ses paroles. Le prince Castel-Forte et tous les Italiens qui se trouvaient là