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CORINNE OU L’ITALIE

et la pria de lui faire sentir par des manières froides et réservées combien il s’était trompé. — Si vous le permettez, reprit Corinne, je serai avec lui comme avec tout le monde ; s’il désire de m’entendre, j’improviserai pour lui ; enfin je me montrerai telle que je suis, et je crois cependant qu’il apercevra tout aussi bien la dignité de l’ame à travers une conduite simple, que si je me donnais un air contraint qui serait affecté. — Oui, Corinne, répondit Oswald, oui, vous avez raison. Ah ! qu’il aurait tort celui qui voudrait altérer en rien votre admirable naturel ! — M. Edgermond arriva dans ce moment avec le reste de la société. Au commencement de la soirée lord Nelvil se plaçait à côté de Corinne, et, avec un intérêt qui tenait à la fois de l’amant et du protecteur, il disait tout ce qui pouvait la faire valoir ; il lui témoignait un respect qui avait encore plus pour but de commander les égards des autres, que de se satisfaire lui-même ; mais il sentit bientôt avec joie l’inutilité de toutes ses inquiétudes. Corinne captiva tout-à-fait M. Edgermond ; elle le captiva non-seulement par son esprit et ses charmes, mais en lui inspirant le sentiment d’estime que les caractères vrais obtiennent toujours des caractères honnêtes ; et lorsqu’il osa lui demander de se faire