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CORINNE OU L’ITALIE

l’étais, vous ne m’aimeriez plus. — Grand dieu, reprit-il, qu’avez-vous donc à révéler ? — Rien qui me rende indigne de vous ; mais des hasards, mais des différences entre nos goûts, nos opinions, qui jadis ont existé, qui n’existeraient plus. N’exigez pas de moi que je me fasse connaître à vous, un jour peut-être, un jour si vous m’aimez assez, si…… Ah ! je ne sais ce que je dis, continua Corinne, vous saurez tout, mais ne m’abandonnez pas avant de m’entendre. Promettez-le-moi au nom de votre père qui réside dans le ciel. — Ne prononcez pas ce nom, s’écria lord Nelvil, savez-vous s’il nous réunit ou s’il nous sépare ! Croyez-vous qu’il consentît à notre union ? Si vous le croyez, attestez-le-moi, je ne serai plus troublé, déchiré. Une fois je vous dirai quelle a été ma triste vie, mais à présent voyez dans quel état je suis, dans quel état vous me mettez. — Et en effet son front était couvert d’une froide sueur, son visage était pâle et ses lèvres tremblaient en articulant à peine ces dernières paroles. Corinne s’assit à côté de lui, et tenant ses mains dans les siennes le rappela doucement à lui-même. — Mon cher Oswald, lui dit-elle, demandez à M. Edgermond s’il n’a jamais été dans le Northumberland, ou du moins si ce n’est que depuis cinq ans qu’il y a été : dans ce cas seulement vous