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CORINNE OU L’ITALIE

veur d’Oswald, quand il pouvait se flatter d’intéresser une telle femme. Mais quel était son nom, quelle était sa destinée ? Quels seraient ses projets s’il lui déclarait l’intention de s’unir à elle ? Tout était encore dans l’obscurité, et quoique l’enthousiasme qu’Oswald ressentait pour Corinne lui persuadât qu’il était décidé à l’épouser, souvent aussi l’idée que la vie de Corinne n’avait pas été tout-à-fait irréprochable, et qu’un tel mariage aurait été sûrement condamné par son père, bouleversait de nouveau toute son ame et le jetait dans l’anxiété la plus pénible.

Il n’était pas aussi abattu par la douleur que dans le temps où il ne connaissait pas Corinne ; mais il ne sentait plus cette sorte de calme qui peut exister même au milieu du repentir, lorsque la vie entière est consacrée à l’expiation, d’une grande faute. Il ne craignait pas autrefois de s’abandonner à ses souvenirs, quelle que fut leur amertume ; maintenant il redoutait les rêveries longues et profondes qui lui auraient révélé ce qui se passait au fond de son ame. Il se préparait cependant à se rendre chez Corinne pour la remercier de sa lettre et pour obtenir le pardon de celle qu’il avait écrite, lorsqu’il vit entrer dans sa chambre