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CORINNE OU L’ITALIE

posent. Les Piémontais, qui formaient un petit corps de nation, ont l’esprit plus militaire que le reste de l’Italie ; les Florentins, qui ont possédé ou la liberté, ou des princes d’un caractère libéral, sont éclairés et doux ; les Vénitiens et les Génois se montrent capables d’idées politiques, parce qu’il y a chez eux une aristocratie républicaine ; les Milanais sont plus sincères, parce que les nations du nord y ont apporté depuis long-temps ce caractère ; les Napolitains pourraient aisément devenir belliqueux, parce qu’ils ont été réunis, depuis plusieurs siècles, sous un gouvernement très-imparfait, mais enfin sous un gouvernement à eux. La noblesse romaine, n’ayant rien à faire ni militairement, ni politiquement, doit être ignorante et paresseuse ; mais l’esprit des ecclésiastiques, qui ont une carrière et une occupation, est beaucoup plus développé que celui des nobles ; et comme le gouvernement papal n’admet aucune distinction de naissance, et qu’il est au contraire purement électif dans l’ordre du clergé, il en résulte une sorte de libéralité, non dans les idées, mais dans les habitudes, qui fait de Rome le séjour le plus agréable pour tous ceux qui n’ont plus ni l’ambition, ni la possibilité de jouer un rôle dans le monde.