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CORINNE OU L’ITALIE


LIVRE VI.

LES MŒURS ET LE CARATÈRE DES
ITALIENS

CHAPITRE PREMIER.


L’IRRÉSOLUTION du caractère d’Oswald, augmentée par ses malheurs, le portait à craindre tous les partis irrévocables. Il n’avait pas même osé, dans son incertitude, demander à Corinne le secret de son nom et de sa destinée, et cependant son amour pour elle acquérait chaque jour de nouvelles forces ; il ne la regardait jamais sans émotion ; il pouvait à peine, au milieu de la société, s’éloigner, même pour un instant, de la place où elle était assise ; elle ne disait pas un mot qu’il ne sentît ; elle n’avait pas un instant de tristesse ou de gaieté dont le reflet ne se peignit sur sa propre physionomie. Mais tout en admirant, tout en aimant Corinne, il se rappelait combien une telle femme s’accordait peu avec la manière de vivre des Anglais, combien elle