CORINNE se flattait en secret d’avoir captivé
le cœur d’Oswald mais comme elle connaissait
sa réserve et sa sévérité, elle n’avait point osé lui
montrer tout l’intérêt qu’il lui inspirait, quoiqu’elle
fut disposée, par caractère, à ne point cacher
ce qu’elle éprouvait. Peut-être aussi croyait-elle
que, même en se parlant sur des sujets étrangers
à leur sentiment, leur voix avait un accent qui
trahissait leur affection mutuelle, et qu’un aveu
secret d’amour était peint dans leurs regards et
dans ce langage mélancolique et voilé qui pénètre
si profondément dans l’ame.
Un matin, lorsque Corinne se préparait à continuer ses courses avec Oswald, elle reçut un billet de lui, presque cérémonieux, qui lui annonçait que le mauvais état de sa santé le retenait chez lui pour quelques jours. Une inquiétude douloureuse serra le cœur de Corinne : d’abord elle craignit qu’il ne fût dangereusement malade ; mais le comte d’Erfeuil, qu’elle vit le soir, lui dit que c’était un de ces accès de mélancolie auxquels il était très-sujet, et pendant lesquels il ne voulait