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CORINNE OU L’ITALIE

apprend à se calmer sur les événemens de son temps, en voyant l’éternelle mobilité de l’histoire des hommes ; et l’on a comme une sorte de honte de s’agiter, en présence de tant de siècles, qui tous ont renversé l’ouvrage de leurs prédécesseurs.

À côté des sept collines, ou sur leur penchant ou sur leur sommet, on voit s’élever une multitude de clochers, des obélisques, la colonne Trajane, la colonne Antonine, la tour de Conti, d’où l’on prétend que Néron contempla l’incendie de Rome, et la coupole de Saint-Pierre, qui domine encore sur tout ce qui domine. Il semble que l’air est peuplé par tous ces monumens qui se prolongent vers le ciel, et qu’une ville aérienne plane avec majesté sur la ville de la terre.

En rentrant dans Rome, Corinne fit passer Oswald sous le portique d’Octavie, de cette femme qui a si bien aimé et tant souffert ; puis ils traversèrent la Route Scélérate par laquelle l’infâme Tullie a passé, foulant le corps de son père sous les pieds de ses chevaux ; on voit de loin le temple élevé par Agrippine en l’honneur de Claude, qu’elle a fait empoisonner ; et l’on passe enfin devant le tombeau d’Auguste, dont l’enceinte intérieure sert aujourd’hui d’arène aux combats des animaux.