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CORINNE OU L’ITALIE.

de l’architecture, que par les chefs-d’œuvre de l’imagination. Ce luxe gigantesque, ces merveilles de la richesse ont un grand caractère de dignité : ce n’était plus de la liberté, mais c’était toujours de la puissance. Les monumens consacrés aux bains publics s’appelaient des provinces ; on y réunissait les diverses productions, et les divers établissemens qui peuvent se trouver dans un pays tout entier. Le Cirque (appelé Circus maximus), dont on voit encore les débris, touchait de si près au palais des Césars, que Néron, des fenêtres de son palais, pouvait donner le signal des jeux. Le Cirque était assez grand pour contenir trois cent mille personnes. La nation presque tout entière était amusée dans le même moment ; ces fêtes immenses pouvaient être considérées comme une sorte d’institution populaire qui réunissait tous les hommes pour le plaisir, comme autrefois ils se réunissaient pour la gloire.

Le mont Quirinal et le mont Viminal se tiennent de si près, qu’il est difficile de les distinguer : c’était là qu’existait la maison de Salluste et de Pompée ; c’est aussi là que le pape a maintenant fixé son séjour. On ne peut faire un pas dans Rome sans rapprocher le présent avec le passé, et les différens passés entre eux. Mais on