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CORINNE OU L’ITALIE.

aperçoit une île formée des gerbes de blé recueillies dans les champs de Tarquin, et qui furent pendant long-temps exposées sur le fleuve, parce que le peuple romain ne voulait point les prendre, croyant qu’un mauvais sort y était attaché. On aurait de la peine, de nos jours, à faire tomber sur des richesses quelconques des malédictions assez efficaces pour que personne ne consentît à s’en emparer.

C’est sur le mont Aventin que furent placés les temples de la Pudeur Patricienne et de la Pudeur Plébéienne. Au pied de ce mont on voit le temple de Vesta, qui subsiste encore presque en entier, quoique les inondations du Tibre l’aient souvent menacé[1]. Non loin de là sont les débris d’une prison pour dettes, où se passa, dit-on, le beau trait de piété filiale généralement connu. C’est aussi dans ce même lieu que Clélie et ses compagnes, prisonnières de Porsenna, traversèrent le Tibre pour venir rejoindre les Romains. Ce mont Aventin repose l’ame de tous les souvenirs pénibles que rappellent les autres collines, et son aspect est beau comme les souvenirs qu’il retrace. On avait donné le nom de belle rive (pulchrum littus) au

  1. Vidimus flavum Tiberim, etc.