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CORINNE OU L’ITALIE

du christianisme soient ainsi rapprochés dans Rome à travers les siècles, et se montrent aux regards comme à la réflexion.

Quand Oswald et Corinne furent arrivés au haut de la tour du Capitole, Corinne lui montra les sept collines, la ville de Rome bornée d’abord au mont Palatin, ensuite aux murs de Servius Tullius qui renfermaient les sept collines, enfin, aux murs d’Aurélien qui servent encore aujourd’hui d’enceinte à la plus grande partie de Rome. Corinne rappela les vers de Tibulle et de Properce, qui se glorifient des faibles commencemens dont est sortie la maîtresse du monde [1]. Le mont Palatin fut à lui seul tout Rome pendant quelque temps ; mais dans la suite le palais des empereurs remplit l’espace qui avait suffi pour une nation. Un poëte du temps de Néron fit à cette occasion cette épigramme[2] : Rome ne sera bientôt plus qu’un palais. Allez à Veyes Romains, si toutefois ce palais n’occupe pas déjà Veyes même.

Les sept collines sont infiniment moins élevées qu’elles ne l’étaient autrefois lorsqu’elles méritaient le nom de monts escarpés. Rome moderne est élevée de quarante pieds au-dessus de Rome

  1. Carpite nunc, tauri, de septem collibus herbas,
    Dum licet. Hic magnæ jam locus urbis erit.
    Tibulle.

    Hoc quodcunque vides, hospes, quam maxima Roma est,
    Ante Phrygem Ænean collis et herba fuit, etc.

    Properce lib. IV, el. 1.
  2. Roma domus fiet : Veios migrate, Quirites ;
    Si non et Veios occupat ista domus