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CORINNE OU L’ITALIE

L’éternel mouvement et l’éternel repos[1]


sont ainsi rapprochés l’un de l’autre. C’est dans ce lieu surtout que le temps est sans pouvoir ; car il ne tarit pas plus ces sources jaillissantes, qu’il n’ébranle ces immobiles pierres. Les eaux qui s’élancent en gerbes de ces fontaines sont si légères et si nuageuses, que, dans un beau jour, les rayons du soleil y produisent de petits arcs-en-ciel formés des plus belles couleurs.

— Arrêtez-vous un moment ici, dit Corinne à lord Nelvil comme il était déjà sous le portique de l’église, arrêtez-vous avant de soulever le rideau qui couvre la porte du temple ; votre cœur ne bat-il pas à l’approche de ce sanctuaire ? et ne ressentez-vous pas, au moment d’entrer, tout ce que ferait éprouver l’attente d’un événement solennel ? — Corinne elle-même souleva le rideau, et le retint pour laisser passer lord Nelvil ; elle avait tant de grâce dans cette attitude, que le premier regard d’Oswald fut pour la considérer ainsi : il se plut même pendant quelques instans à ne rien observer qu’elle. Cependant il s’avança dans le temple, et l’impression qu’il reçut sous ces voûtes immenses fut si profonde et si religieuse, que le sentiment

  1. Vers de M. de Fontanes.