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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

verselle ; Quelques hommes distingués cachent encore notre misère aux yeux de l’Europe ; mais l’instruction du peuple est négligée à un degré qui menace toute espèce de gouvernement. S’ensuit-il qu’on doive remettre l’éducation publique aux prêtres exclusivement. ? Le pays le plus religieux de l’Europe, l’Angleterre, n’a jamais admis une telle idée. On n’y songe ni dans l’Allemagne catholique ni dans l’Allemagne protestante. L’éducation publique est un devoir des gouvernemens envers les peuples, sur lequel ils ne peuvent prélever la taxe de telle ou telle opinion religieuse.

Ce que veut le clergé en France, ce qu’il a toujours voulu, c’est du pouvoir ; en général les réclamations qu’on entend, au nom de l’intérêt public, se réduisent à des ambitions de corps ou d’individus. Se publie-t-il un livre sur la politique, avez-vous de la peine à le comprendre, vous paraît-il ambigu, contradictoire, confus ; traduisez-le par ces paroles : Je veux être ministre ; et toutes les obscurités vous seront expliquées. En effet, le parti dominant en France, c’est celui qui demande des places ; le reste n’est qu’une nuance accidentelle à côté de cette uniforme couleur ; la nation cependant n’est et ne peut être de rien dans ce parti.