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CONSIDÉRATIONS

foi, en voulant rassurer à cet égard les inquiétudes avisées des grands seigneurs créés par Bonaparte.

Il étoit également impossible de donner une seconde fois l’Europe à partager à ces militaires, que l’Europe avoit à la fin vaincus ; et cependant, ils se persuadoient que le retour de l’ancienne dynastie étoit la seule cause du traité de paix qui leur faisoit perdre la barrière du Rhin et l’ascendant en Italie.

Les royalistes de la seconde main selon l’expression angloise, c’est-à-dire, ceux qui, après avoir servi Bonaparte, s’offroient pour mettre en vigueur les mêmes principes de despotisme sous la restauration ; ces hommes, ne pouvant inspirer que le mépris, n’étoient propres à conduire que des intrigues. Ils étoient à craindre, disoit-on, si l’on ne les employoit pas : mais, ce dont il faut se garder le plus en politique, c’est d’employer ceux qu’on redoute ; car il est bien sûr que, démêlant ce sentiment, ils serviront, comme on se sert d’eux, d’après l’alliance de l’intérêt, qui se rompt de droit par l’adversité.

Les émigrés attendoient des dédommagemens de l’ancienne dynastie, pour les biens qu’ils avoient perdus en lui restant fidèles ; et