Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
CONSIDÉRATIONS

n faveur auprès du monarque ; et cependant M. de Blacas étoit peut-être, de tous les hommes revenus avec Louis XVIII, celui qui jugeoit le mieux la situation de la France, quelque nouvelle qu’elle fût pour lui. Mais que pouvoit un ministère constitutionnel en apparence, et contre-révolutionnaire au fond ; un ministère, en général composé d’honnêtes gens, chacun à sa manière, mais qui se dirigeoient par des principes opposés, quoique le premier désir de chacun fût de plaire à la cour ? Tout le monde disoit : Cela ne peut durer, bien qu’alors la situation de tout le monde fût douce ; mais le manque de force, c’est-à-dire, de bases durables, inquiétoit les esprits. Ce n’est pas la force arbitraire qu’on désirait, car elle n’est qu’une convulsion dont il résulte toujours tôt ou tard une réaction funeste, tandis qu’un gouvernement qui s’établit sur la vraie nature des choses va toujours en s’affermissant.

Comme on voyoit le danger sans précisément se rendre compte du remède, quelques personnes eurent la funeste idée de proposer pour le ministère de la guerre le maréchal Soult, qui venoit de commander avec succès les armées de Bonaparte. Il avoit su gagner le