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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

sius, attireroit d’autant plus l’attention qu’on auroit pris plus de soin pour l’éviter.

Il n’y avoit point d’accord entre les ministres, point de plan reconnu par tous ; le ministère de la police, détestable institution en soi-même, ne savoit rien et ne s’occupoit de rien ; car, pour peu qu’il y ait des lois, que peut faire un ministre de la police ? Sans avoir recours à l’espionnage, aux arrestations, enfin à tout l’abominable édifice d’arbitraire que Bonaparte a fondé, les hommes d’état doivent savoir où est la direction de l’opinion publique, et de quelle manière on peut marcher dans son sens. Il faut, ou commander à une armée qui vous obéisse comme une machine, ou prendre sa force dans les sentimens de la nation : la science de la politique a besoin d’un Archimède qui lui fournisse son point d’appui.

M. de Talleyrand, à qui l’on ne sauroit contester une profonde connoissance des partis qui ont agité la France, étant au congrès de Vienne, ne pouvoit influer sur la marche des affaires intérieures. M. de Blacas, qui avoit montré au roi, dans son exil, l’attachement le plus chevaleresque, inspiroit aux gens de la cour ces anciennes jalousies de l’œil de bœuf, qui ne laissent pas un moment de repos à ceux qu’on croit