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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE VIII.

De la conduite du ministère pendant la première année de
la restauration
.

QUELQUES publicistes anglois prétendent que l’histoire démontre l’impossibilité de faire adopter sincèrement une monarchie constitutionnelle à une race de princes qui auroit joui pendant plusieurs siècles d’une autorité sans bornes. Les ministres n’avoient, en 1814, qu’une manière de réfuter cette opinion : c’étoit de manifester assez en toutes choses la supériorité d’esprit du roi, pour que l’on fût convaincu qu’il cédoit volontairement aux lumières de son siècle ; parce que, s’il y perdait comme souverain, il y gagnoit comme homme éclairé. Le roi lui-même a produit à son retour cet effet salutaire sur ceux qui ont eu des rapports avec lui ; mais plusieurs de ses ministres sembloient prendre à tâche de détruire ce grand bien produit par la sagesse du monarque.

Un homme élevé ensuite à une dignité éminente avoit dit, dans une adresse au roi, au nom du département de la Seine-Inférieure,