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CONSIDÉRATIONS

La dignité de la pairie diffère autant de la noblesse par généalogie, que la monarchie constitutionnelle de la monarchie fondée sur le droit divin ; mais c’étoit une grande erreur de la charte, que de conserver tous les titres des nobles, soit anciens, soit modernes. On ne rencontrait, après la restauration, que des barons et des comtes de la façon de Bonaparte, de celle de la cour, ou quelquefois même de la leur, tandis que les pairs seuls devoient être considérés comme les dignitaires du pays, afin de détruire la noblesse féodale, et d’y substituer une magistrature héréditaire, qui, ne s’étendant qu’à l’aîné de la famille, n’établît point dans l’état des distinctions de sang et de race.

S’ensuit-il néanmoins de ces observations que l’on fût malheureux en France sous la première restauration ? La justice et même la bonté la plus parfaite n’étaient-elles pas pratiquées envers tout le monde ? Sans doute, et les François se repentiront long-temps de ne l’avoir pas alors assez senti. Mais, s’il y a des fautes qui doivent irriter contre ceux qui les font, il y en a qui vous inquiètent pour le sort d’un gouvernement que l’on estime ; et de ce nombre