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CONSIDÉRATIONS

les grands, soit même pour le roi, qui ne peut se séparer de l’intérêt général dans un pays libre.

Le parti royaliste inconstitutionnel, dont il faut sans cesse relever les paroles, puisque c’est surtout ainsi qu’il agit, n’a cessé de répéter que si le roi s’étoit conduit comme Ferdinand VII, s’il avoit établi purement et simplement l’ancien régime, il n’auroit eu rien à craindre de ses ennemis. Le roi d’Espagne pouvoit disposer de son armée ; celle de Louis XVIII ne lui étoit point attachée ; les prêtres aussi sont l’armée succursale du roi d’Espagne ; en France, l’ascendant des prêtres n’existe presque plus ; enfin, tout est en contraste dans la situation politique et morale des deux pays ; et qui veut les rapprocher se livre à son humeur, sans considérer en rien les élémens dont l’opinion et la force sont composées.

Mais, dira-t-on encore, Bonaparte savoit pourtant séduire ou dominer l’esprit d’opposition ! Rien ne seroit plus fatal pour un gouvernement quelconque en France, que d’imiter Bonaparte. Ses exploits guerriers étoient de nature à produire une funeste illusion sur son despotisme ; encore Napoléon n’a-t-il pu résister