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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’empereur Napoléon leur avoit donné ; ils faisoient les mêmes révérences, en se tournant vers l’orient, au lieu de l’occident ; mais ils saluoient tout aussi bas que de coutume. La cour de la maison de Bourbon étoit dans les galeries, arborant des mouchoirs blancs, et criant : Vive le roi ! de toutes ses forces. Les hommes du régime impérial, sénateurs, maréchaux et députés, se trouvoient cernés par ces transports, et ils avoient tellement l’habitude de la soumission, que tous les sourires habituels de leurs physionomies servaient, comme d’ordinaire, à l’admiration du pouvoir. Mais qui connoissoit le cœur humain devoit-il se fier à de telles démonstrations ? et ne valoit-il pas mieux réunir des représentans librement élus par la France, que des hommes qui ne pouvoient alors avoir d’autre mobile que des intérêts, et non des opinions ?

Quoiqu’à plusieurs égards la charte dût contenter le vœu public, elle laissoit cependant beaucoup de choses à désirer. C’étoit une expérience nouvelle, tandis que la constitution angloise a subi l’épreuve du temps ; et, quand on compare la charte d’un pays avec la constitution de l’autre, tout est à l’avantage de l’Angleterre, soit pour le peuple, soit pour