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CONSIDÉRATIONS

sur des engagemens réciproques, peut être révoqué par l’autorité dont il émane.

Au lieu d’inviter au moins les deux chambres à choisir elles-mêmes les commissaires qui devoient examiner l’acte constitutionnel, les ministres les firent nommer par le roi. Très-probablement les chambres auroient élu les mêmes hommes ; mais c’est une des erreurs des ministres de l’ancien régime, d’avoir envie de mettre l’autorité royale partout, tandis qu’il faut être sobre de ce moyen, dès qu’on n’en a pas un besoin indispensable. Tout ce qu’on peut laisser faire à la nation, sans qu’il en résulte aucun désordre, accroît les lumières, fortifie l’esprit public, et met plus d’accord entre le gouvernement et le peuple.

Le 4 juin 1814, le roi vint déclarer aux deux chambres la charte constitutionnelle. Son discours étoit plein de dignité, d’esprit et de convenance ; mais son chancelier commença par appeler la charte constitutionnelle une ordonnance de réformation. Quelle faute ! N’étoit-ce pas faire sentir que ce qui étoit donné par le roi pouvoit être retiré par ses successeurs ? Ce n’est pas tout encore : dans le préambule de la charte, il étoit dit que l’autorité tout entière résidoit dans la personne du roi, mais que sou-