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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

France étant remonté sur le trône en 1814, avec l’appui de la force étrangère, ses ministres auroient du inventer l’idée du contrat avec la nation, du consentement de ses députés, enfin de tout ce qui pouvoit garantir et prouver le vœu des François, quand même ces principes n’auroient pas été généralement reconnus en France. Il étoit fort à craindre que l’armée qui avoit prêté serment à Bonaparte, et qui avoit combattu près de vingt ans sous lui, ne regardât comme nuls les sermens demandés par les puissances européennes. Il importoit donc de lier et de confondre les troupes françoises avec le peuple François, par toutes les formes possibles d’acquiescement volontaire.

Quoi ! dira-t-on, vouliez-vous nous replonger dans l’anarchie des assemblées primaires ? Nullement ; ce que l’opinion souhaitait, c’étoit l’abjuration du système sur lequel se fonde le pouvoir absolu ; mais l’on n’auroit point chicané le ministère de Louis XVIII sur le mode d’acceptation de la charte constitutionnelle ; il suffisoit seulement alors qu’elle fut considérée comme un contrat et non comme un édit du roi ; car l’édit de Nantes de Henri IV a été aboli par Louis XIV ; et tout acte qui ne repose pas