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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

fendre le territoire sacré dont la garde leur étoit confiée. L’irritation qu’ils éprouvoient ne leur permettoit pas de comprendre que c’étoit leur chef ambitieux, égoïste et téméraire, qui les avoit réduits à l’état où ils se trouvoient : la réflexion ne pouvoit s’accorder avec les passions dont ils étoient agités.

La situation du roi, revenant avec les étrangers, au milieu de l’armée qui devoit les haïr, présentoit des difficultés sans nombre. Il a fait individuellement tout ce que l’esprit et la bonté peuvent inspirer à un souverain qui veut plaire ; mais il avoit affaire à des sentimens d’une nature trop forte, pour que les moyens de l’ancien régime y pussent suffire. C’étoit de la nation qu’il falloit s’aider pour ramener l’armée ; examinons si le système adopté par les ministres de Louis XVIII pouvoit atteindre à ce but.