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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

aussitôt contre eux ; les partisans de l’ancien régime considèrent ceux du gouvernement représentatif comme en état de révolte à l’égard du pouvoir légitime et absolu. Que signifient donc, aux yeux de ces royalistes non constitutionnels, les services que les anciens amis de la révolution peuvent rendre à leur cause ? un commencement d’expiation, et rien de plus : et comment M. de Talleyrand n’a-t-il pas senti que, pour l’intérêt du roi comme pour celui de la France, il falloit qu’un pacte constitutionnel tranquillisât les esprits, affermît le trône, et présentât la nation françoise, aux yeux de toute l’Europe, non comme des rebelles qui demandent grâce, mais comme des citoyens qui se lient à leur chef suprême par des devoirs réciproques ?

Louis XVIII revint sans avoir reconnu la nécessité de ce pacte ; mais, étant personnellement un homme d’un esprit très-éclairé, et dont les idées s’étendoient au delà du cercle des cours, il y suppléa en quelque manière par sa déclaration du 2 mai, datée de Saint-Ouen : il accordoit ce que l’on désiroit qu’il acceptât ; mais enfin cette déclaration, supérieure à la charte constitutionnelle sous le rapport des intérêts de la liberté, étoit si bien con-