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CONSIDÉRATIONS

dans ses affaires intérieures, et c’est en vain qu’ils feroient ce qu’il y a de plus raisonnable et de plus sage, il suffit de leur influence pour gâter le bonheur même. L’empereur de Russie, qui a le sentiment de l’opinion publique, fit tout ce qui étoit en son pouvoir pour laisser à cette opinion autant de liberté que les circonstances le permettaient. L’armée vouloit la régence, dans l’espoir que, sous la minorité du fils de Napoléon, le même gouvernement et les mêmes emplois militaires seroient conservés. La nation souhaitoit ce qu’elle souhaitera toujours : le maintien des principes constitutionnels. Quelques individus croyoient que le duc d’Orléans, homme d’esprit, ami sincère de la liberté et soldat de la France à Jemmapes, serviroit de médiateur entre les différens intérêts ; mais il avoit alors à peine vécu en France, et son nom représentoit plutôt un traité qu’un parti. L’impulsion des souverains devoit être pour l’ancienne dynastie ; elle étoit appelée par le clergé, les gentilshommes, et les adhérens qu’ils réunissoient dans quelques départemens du Midi et de l’Ouest. Mais en même temps l’armée ne renfermoit presque pas d’officiers ni de soldats élevés dans l’obéissance envers des princes absens depuis tant d’années. Les