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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

avoit été enlevée à la Suède, et que les Suédois regrettoient vivement. Bernadotte, par respect pour la personne d’Alexandre, et par haine contre la tyrannie que Bonaparte faisoit peser sur la France et sur l’Europe, se joignit à la coalition, et refusa les propositions de Napoléon, qui consistoient au reste, pour la plupart, dans la permission accordée à la Suède, de prendre ou de reprendre tout ce qui lui conviendroit chez ses voisins ou chez ses alliés.

L’empereur de Russie, dans sa conférence avec le prince de Suède, lui demanda son avis sur les moyens qu’on devoit employer contre l’invasion des François. Bernadotte les développa en général habile qui avoit jadis défendu la France contre les étrangers, et sa confiance dans le résultat définitif de la guerre étoit d’un grand poids. Une autre circonstance fait beaucoup d’honneur à la sagacité du prince de Suède. Lorsqu’on vint lui annoncer que les François étoient entrés dans Moscou, les envoyés des puissances à Stockholm, alors réunis chez lui, étoient consternés ; lui seul déclara fermement qu’à dater de cet événement la campagne des vainqueurs étoit manquée ; et, s’adressant à l’envoyé d’Autriche, lorsque les troupes de cette puissance faisoient encore partie de l’armée de