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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’histoire et nous, et ne nous privent plus de toutes les leçons et de tous les exemples qu’elle nous offre. N’y auroit-il plus d’Aristide, de Phocion, d’Épaminondas en Grèce ; de Régulus, de Caton, de Brutus à Rome ; de Tell en Suisse ; d’Egmont, de Nassau en Hollande ; de Sidney, de Russel en Angleterre, parce qu’un pays gouverné long-temps par le pouvoir arbitraire, s’est vu livré pendant une révolution aux hommes que l’arbitraire même avoit pervertis ? Qu’y-a-t-il de si extraordinaire dans un tel événement, qu’il doive changer le cours des astres, c’est-à-dire, faire reculer la vérité, qui s’avançoit avec l’histoire pour éclairer le genre humain ? Et par quel sentiment public serions-nous désormais émus, si nous repoussions l’amour de la liberté ? Les vieux préjugés n’agissent plus sur les hommes que par calcul, ils ne sont soutenus que par ceux qui ont un intérêt personnel à les défendre. Qui veut en France le pouvoir absolu par amour pur, c’est-à-dire, pour lui-même ? Informez-vous de la situation personnelle de chacun de ses défenseurs, et vous connaîtrez bien vite les motifs de leur doctrine. Sur quoi donc se fonderoit la fraternité des associations humaines, si quelque enthousiasme ne se dé-