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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

châteaux forts ; vous ne ressusciterez pas les princesses qui filoient elles-mêmes les vêtemens des guerriers ; vous ne recommencerez pas même le règne de Louis XIV. Le temps actuel n’admet plus un genre de gravité et de respect qui donnoit alors tant d’ascendant à cette cour. Mais vous aurez de la corruption sans esprit, ce qui est le dernier degré où l’espèce humaine puisse tomber. Ce n’est donc pas entre les lumières et l’antique féodalité qu’il faut choisir, mais entre le désir de se distinguer et l’avidité de s’enrichir.

Examinez les adversaires de la liberté dans tous les pays, vous trouverez bien parmi eux quelques transfuges du camp des gens d’esprit, mais, en général, vous verrez que les ennemis de la liberté sont ceux des connoissances et des lumières : ils sont fiers de ce qui leur manque en ce genre, et l’on doit convenir que ce triomphe négatif est facile à mériter.

On a trouvé le secret de présenter les amis da la liberté comme des ennemis de la religion : il y a deux prétextes à la singulière injustice qui voudroit interdire au plus noble sentiment de cette terre l’alliance avec le ciel. Le premier, c’est la révolution : comme elle s’est