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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE XII.

De l’amour de la liberté.

LA nécessité des gouvernemens libres, c’est-à-dire, des monarchies limitées pour les grands États, et des républiques indépendantes pour les petits, est tellement évidente qu’on est tenté de croire que personne ne peut se refuser sincèrement à reconnaître cette vérité ; et cependant, quand on rencontre des hommes de bonne foi qui la combattent, on voudroit se rendre compte de leurs motifs. La liberté a trois sortes d’adversaires en France : les nobles qui placent l’honneur dans l’obéissance passive, et les nobles plus avisés, mais moins candides, qui croient que leurs intérêts aristocratiques et ceux du pouvoir absolu ne font qu’un ; les hommes que la révolution françoise a dégoûtés des idées qu’elle a profanées ; enfin les bonapartistes, les jacobins, tous les hommes sans conscience politique. Les nobles qui attachent l’honneur à l’obéissance passive confondent tout-à-fait l’esprit des anciens chevaliers avec celui des courtisans des derniers siècles. Sans doute, les anciens