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CONSIDÉRATIONS

Enfin voici sur quoi repose tout l’échafaudage de sophismes qu’on prescrit comme un article de foi, parce que le raisonnement ne pourroit pas le soutenir. Quel usage du nom de Dieu ! et comment veut-on qu’une nation à qui l’on dit que c’est là de la religion, ne devienne pas incrédule, pour son malheur et pour celui du monde ?

« N. T. C. F., nous ne cesserons de vous répéter ce que Moïse disoit à son peuple : Interrogez vos ancêtres et le Dieu de vos pères, et remontez à la source. Songez que moins on s’écarte des chemins battus, et plus on est en sûreté …. Songez enfin que mépriser l’autorité des siècles, c’est mépriser l’autorité de Dieu, puisque c’est Dieu lui-même qui fait l’antiquité, et que vouloir y renoncer est toujours le plus grand des crimes, quand ce ne seroit pas le dernier des malheurs. » C’est Dieu qui fait l’antiquité, sans doute ; mais Dieu est aussi l’auteur du présent, dont l’avenir va dépendre. Quelle niaiserie que cette assertion, si elle ne contenoit pas un artifice habile ! et le voici : tous les honnêtes gens sont émus quand on leur parle de leurs ancêtres ; il