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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’humanité, est déjà condamnée par la censure portée contre la fusion des cultes. Quel ordre social ils nous proposent, ces partisans du despotisme et de l’intolérance, ces ennemis des lumières, ces adversaires de l’humanité, quand elle porte le nom de peuple et de nation ! Où faudroit-il fuir, s’ils commandoient ? Encore quelques mots sur cette instruction pastorale, dont le titre est si doux, et dont les paroles sont si amères.

« Hélas ! dit l’évêque de Troyes en s’adressant au roi, des séditieux, pour mieux nous asservir, commencent déjà à nous parler de nos droits, pour nous faire oublier les vôtres. Nous en avons, sans doute, sire, et ils sont aussi anciens que la monarchie. Le droit de vous appartenir comme au chef de la grande famille, et de nous dire vos sujets, puisque ce mot signifie vos enfants. » On ne peut s’empêcher de croire que l’écrivain, homme d’esprit, a souri lui-même, quand on a proposé pour unique droit au peuple françois, celui de se dire les sujets d’un monarque qui disposeroit selon son bon plaisir de leurs propriétés et de leurs vies. Les esclaves d’Alger peuvent se vanter du même genre de droit.