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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

ce partage comme un compte de banquier, donnant des soldes à une certaine quantité d’âmes ou de fractions d’âmes, pour se faire une somme ronde de sujets ! Tant pis, s’ils n’ont consulté que leur convenance, sans songer aux intérêts et aux vœux des nations ! Mais les rois repoussent, n’en doutons pas, l’indigne éloge qui leur est ainsi adressé ; ils repoussent de même aussi, sans doute, le blâme que se permet contre eux l’évêque de Troyes, quoique ce blâme renferme une odieuse flatterie sous la forme d’un reproche.

« Il est vrai qu’on en a vu plusieurs favoriser, au risque d’être en contradiction avec eux-mêmes, ces formes populaires, et autres théories nouvelles que leurs ancêtres ne connoissoient pas, et auxquelles, jusqu’à nos jours, leurs propres états avoient été étrangers sans qu’ils s’en fussent plus mal trouvés ; mais, nous ne craignons pas de le dire, c’est la maladie de l’Europe, et le symptôme le plus alarmant de sa décadence ; c’est par là que la Providence semble l’attaquer pour hâter sa dissolution. Ajoutons à cette manie de refondre les gouvernemens, et de les appuyer sur des livres, cette tendance des esprits novateurs à faire une fusion