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CONSIDÉRATIONS

plus sûr garant du bonheur des peuples et de la tranquillité des états. Nous sommes rois, ont-ils dit, parce que nous sommes rois : ainsi l’exigent l’ordre et la stabilité du monde social ; ainsi le veut notre propre sûreté ; et ils l’ont dit sans trop s’embarrasser s’ils n’étoient pas par là en opposition avec les idées dites libérales, et moins encore si le partage qu’ils faisoient des états qu’ils trouvoient à leur convenance, n’étoit pas le plus solennel démenti donné aux peuples souverains. » Ne croiroit-on pas que nous venons de citer la satire la plus ironique contre le congrès de Vienne, si l’on ne savoit que telle n’a pu être l’intention de l’auteur ? Mais quand on est arrivé à ce degré de déraison, l’on ne se doute pas non plus du ridicule, car la folie méthodique est très-sérieuse. Nous sommes rois, parce que nous sommes rois, fait-on dire aux souverains de l’Europe ; je suis celui qui suis, sont les paroles de Jéhovah dans la Bible ; et l’écrivain ecclésiastique se permet d’attribuer aux monarques ce qui ne peut convenir qu’à la Divinité. Les rois, dit-il, ne se sont pas embarrassés si le partage des états qu’ils trouvoient à leur convenance, étoit d’accord avec les idées dites libérales. Tant pis, en effet, s’ils ont réglé