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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

usage. On a cent fois répété que cette phrase de l’Évangile : Toute puissance vient de Dieu, et l’autre : Rendez à César ce qui appartient à César, avoient uniquement pour but d’écarter toute discussion politique. Jésus-Christ vouloit que la religion qu’il annonçoit fût considérée par les Romains comme tout-à-fait étrangère aux affaires publiques : « Mon règne n’est pas de ce monde, » disoit-il. Tout ce qu’on demande aux ministres du culte, c’est de remplir, à cet égard comme à tous les autres, les intentions de Jésus-Christ.

« Établissez, Seigneur, dit le prophète, un législateur au-dessus d’eux, afin que les nations sachent qu’elles sont des hommes. » Il ne seroit pas mal non plus que les rois sussent qu’ils sont des hommes, et certainement ils doivent l’ignorer, s’ils ne contractent point d’engagement envers la nation qu’ils gouvernent. Quand le prophète prie Dieu d’établir un roi, c’est comme tous les hommes religieux prient Dieu de présider à chacun des événemens de cette vie ; mais comment une dynastie est-elle spécialement établie par la Providence ? Est-ce la prescription qui est le signe de la mission divine ? Les papes ont excommunié, déposé des rois de toute ancienneté ; ils ont