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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

nations, sans lesquelles il n’y auroit point de pouvoirs. C’est ainsi qu’en se servant de la religion pour diriger la politique, on est dans le cas de faire chaque jour des complaintes sur l’impiété des François ; cela veut tout simplement dire qu’il y a en France beaucoup d’amis de la liberté qui sont d’avis qu’il doit exister un pacte entre les nations et les monarques. Il me semble qu’on peut croire en Dieu et penser ainsi.

Par une contradiction singulière, ce même évêque, si orthodoxe en politique, cite le fameux passage qui lui a sans doute servi à se justifier à ses propres yeux, quand il étoit l’aumônier de l’usurpateur : Toute puissance vient de Dieu ; et qui résiste à la puissance résiste à Dieu même. « Voilà, N. T. C. F.Notre Très Cher Frère, le droit public de la religion, sans lequel personne n’a le droit de commander, ni l’obligation d’obéir. Voilà cette souveraineté première de laquelle découlent toutes les autres, et sans laquelle toutes les autres n’auroient ni base, ni sanction ; c’est la seule constitution qui soit faite pour tous les lieux comme pour tous les temps ; la seule avec laquelle on pourroit se passer de toutes les autres, et sans laquelle aucune ne pourroit se soutenir ; la seule qui ne peut jamais être sujette à ré-