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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

veut son roi, mais son roi légitime, parce que la légitimité est le premier trésor d’un peuple, et un bienfait d’autant plus inappréciable qu’il peut suppléer à tous les autres, et qu’aucun autre ne peut y suppléer. » Arrêtons-nous un moment pour plaindre l’homme qui pense ainsi, d’avoir servi si bien et si long-temps Napoléon. Quel effort, quelle contrainte ! Mais, au reste, l’évêque de Troyes ne fait rien de plus à cet égard, que bien d’autres qui occupent encore des places ; et il faut lui rendre au moins la justice qu’il ne provoque pas la proscription de ses compagnons de service auprès de Napoléon : c’est beaucoup.

Je laisserai de côté le langage de flatterie de l’auteur du mandement, langage qu’on devroit d’autant moins se permettre envers la puissance, qu’on la respecte davantage. Passons à quelque chose de moins bénin : « La France veut son roi, mais en le voulant, elle ne prétend pas qu’elle puisse en vouloir un autre ; et heureusement qu’elle n’a pas ce droit funeste. Loin de nous cette pensée, que les rois tiennent des peuples leur autorité, et que la faculté qu’ils peuvent avoir eue de les choisir, emporte celle de les révoquer … Non, il n’est pas vrai que le peuple soit souverain, ni que les rois soient